Les bouteilles des grandes maisons de cognac sont un des supports les plus spectaculaires de la gravure sur verre. Pourtant, la bouteille fut longtemps cachée ou trop fragile pour être gravée. Focus sur cet objet verrier discret et pourtant élégant !


Des débuts laborieux

Il n’a pas suffit de maîtriser le verre ou le cristal pour voir naître dans les ateliers de verrerie de superbes bouteilles utiles autant au service de l’eau qu’à celui de l’alcool. Le verre était fragile et les possibilités de rendre hermétique la fermeture de la bouteille quasiment inexistantes. Rien de bien engageant pour la conservation des vins. D’autant que ces derniers, jusqu’au XIXe siècle, tournent vite au vinaigre, il est donc absolument nécessaire de les consommer dans les six mois suivant les vendanges.

Durant l’Antiquité et le Moyen-Âge, la bouteille ne sert donc pas encore la conservation et on lui préfère un usage de service. 

L’Orient maître absolu de l’art verrier alimente le bassin méditerranéen en élégantes carafes et bouteilles d’un beau verre translucide, et parfois coloré, mais pas encore parfaitement transparent. Mais alors que nous avançons dans le Moyen-Âge, l’Europe oublie les subtilités de cette antique technique. Carafes et bouteilles, devenues fragiles et ternes, se cachent dans des clissages ou des étuis de cuir qui les protègent de chocs inéluctablement fatals. Si les productions les plus luxueuses se distinguent par des capuchons de verre, la plupart se ferme d’un simple morceau de tissu et il faut donc prendre soin de les transporter à la verticale au risque de disperser le contenu !

C’est en partie cette précaution nécessaire ainsi que les connaissances techniques d’alors qui sont responsables des formes anciennes et parfois cocasses de ces bouteilles médiévales. Sphériques et aplaties, à forme d’oignon ou de poire, bouteilles et carafes tout droit sorties de nos livres d’histoire servaient également de gourde et leurs formes, autant que le verrier en était alors capable, étaient copiées sur les formes des carafes et flasques d’argent. 

Pourtant dans l’Orient de la même époque, les mêmes objets en verre sont toujours d’une qualité remarquable, largement supérieure à celles qui se font alors en Europe. Au XVIIe siècle d’ailleurs, le vin persan de Shiraz est transporté dans de superbes bouteilles d’un verre coloré et solide quand notre vin européen doit s’accommoder des barriques. 

Bouteille en verre vert pâle. Shiraz, Iran, XVIIIe siècle © Christie’s
Bouteille en verre vert pâle. Shiraz, Iran, XVIIIe siècle © Christie’s

Innovations européennes

Une invention anglaise des années 1640 va profondément bouleverser l’histoire de la bouteille et en particulier celle de la conservation du vin.

Alors qu’il développe un verre noir et épais dans un atelier londonien, un excentrique anglais du nom de Kenelm Digby (1603 – 1665) ne prend sûrement pas la mesure de son invention. Grâce à ce verre opaque capable de protéger le contenant de la lumière, un premier pas est engagé vers une meilleure conservation du vin. Quelques années plus tard, la redécouverte du bouchon de liège marque une étape supplémentaire dans l’histoire de la bouteille. Désormais les risques de casse sont minimisés mais surtout le verre sombre et le bouchon de liège permettent une conservation du vin jusqu’alors impossible. Pour peu que l’on réunisse les conditions idéales en cave, une bouteille de vin peut désormais vieillir sans risque de tourner au vinaigre. Mieux ! Le vin vieilli développe des arômes particuliers.

Les formes autrefois pansues s’allongent et deviennent tronconiques grâce à ce nouveau verre noir plus malléable et solide, facilitant la transport en caisse et annonçant la disparition du transport en barriques…

Les Britanniques connaisseurs et grands amateurs de vins de Bordeaux emploient leur invention pour transporter facilement les productions viticoles qu’ils rapportent du sud ouest de la France et dégustent en Angleterre. On connait même un Irlandais qui, en 1723, ouvre une verrerie dans le quartier des Chartrons à Bordeaux. Il alimente ainsi les négociants en vin du quartier qui y trouvent naturellement leur compte : le vin est protégé dans une bouteille opaque bien hermétique à la contenance garantie pour éviter les fraudes. Si déjà en Angleterre, les bouteilles commencent à être frappées du cachet de leur propriétaire ou de l’année de la cuvée, à Paris cette révolution de gourmets est en route ! 

Trois bouteilles, Bordeaux, XVIIIe siècle, verre Fonds ancien de la Ville de Bordeaux © madd-bordeaux - L. Gauthier
Trois bouteilles, Bordeaux, XVIIIe siècle, verre Fonds ancien de la Ville de Bordeaux © madd-bordeaux - L. Gauthier

Sous l’Empire, l’élite rechigne désormais à acheter en tonneaux, préférant les bouteilles que le nouveau service à la russe permet de mettre en scène sur la table. Celle de Joséphine de Beauharnais (et sa cave de la Malmaison surtout) sont une éclatante illustration de cette nouvelle manière de consommer les vins.

La bouteille bordelaise dite aussi frontignane – promise à un grand avenir, – naît à cette époque. L’art verrier prend alors une ampleur considérable. Puisque les verres, carafes et bouteilles sont désormais placés sur les tables et non plus sur des dessertes le long des murs, il est du meilleur goût de se procurer de somptueux objets en cristal ou en verre de bohème taillé et gravé de motifs à la mode ou bien du monogramme du propriétaire. On aime à observer et à discuter de la couleur du vin dans son verre mais les bouteilles doivent impérativement demeurer sombres et opaques pour d’évidentes raisons de conservation. 

Une réalisation MSV : gravure sur cristal et peinture or.
Une réalisation MSV : gravure sur cristal et peinture or.

Les flacons de spiritueux n’ont pas les mêmes impératifs que les bouteilles de vin. Le cognac, l’armagnac, le whisky, le gin ou le rhum vieillissent en fûts de longues années avant de pouvoir être appréciés. Une fois suffisamment patinés par le temps, il n’est plus nécessaire de les conserver à l’abri de la lumière et leur mise en bouteille peut alors faire l’objet d’une attention esthétique. Car la beauté de la robe joue bien souvent une part importante dans la dégustation. Le choix des connaisseurs se porte naturellement vers bouteilles et carafes exceptionnelles et uniques.

MSV s’est ainsi distingué comme le partenaire de référence des grandes maisons de vins et de spiritueux : gravures sur-mesure, bouteilles d’exception et coffrets de présentation placent vos vins et spiritueux au centre de l’attention, leur offrant une envergure inédite.

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